D‘où je viens ? Quelles sont mes origines ?

Que l’église s’oppose au mariage des homosexuels ne m’étonne pas. Après tout cette institution a un fonds de commerce à défendre.
Cependant dire que les enfants ne peuvent s’épanouir qu’avec un papa et une maman de sexes différents est au choix hors du temps ou bien hypocrite. Toujours pas surprise venant de l’église…
Je reviens sur l’homoparentalité que je rapproche à la monoparentalité.
Mon souci n’est ni idéologique, ni religieux.
Je constate simplement, de par mon expérience et au travers des expériences vécues par des personnes rencontrées qui ont été dans mon cas, que les enfants ont besoin de savoir d’où ils viennent.
Pourquoi ai-je été abandonné ? D‘où je viens ? Quelles sont mes origines ?
Ces réponses à de légitimes questions ne sont pas incompatibles avec l’amour des parents adoptifs.
L’adoption est un bien et une grande avancée mais - et je sais que je ne serai pas contredite sur ce point – l’enfant en bas âge n’est pas en mesure de donner son sentiment au moment où les adultes décident.
Ainsi puisque nous sommes enfin capables de lever ces hypocrisies sur l’homosexualité et le droit à la famille pour tous, nous devons dans le même temps lever l’hypocrisie sur les origines des enfants adoptés ou abandonnés.
Nous choisissons pour eux une histoire, la nôtre. Un jour nous devons leur restituer la leur en levant tous les secrets.

     

Comments

[nezinam]

Pourquoi dites-vous que l’on mélange 3 types d’évolution ?
On part d’un constat de société, on vote une loi adaptée à la situation et les mentalités suivent généralement.
Concernant les homosexuels, heureusement ils ne sont plus ici persécutés et l’homosexualité a cessé d’être une maladie, une tare.
On constate aujourd’hui que près de 40000 enfants sont élevés par des couples homos : ce n’est pas rien 40 000… pourquoi ces enfants ne seraient pas reconnus par les deux qui les font grandir ?
C’est injuste et peu sécurisant pour leur avenir matériel.
Il s’agit d’un constat de société.
C’est là que je ne vous suis pas.
Un enfant élevé par des homos aujourd’hui n’est plus montré du doigt dans une cour d’école tout comme un enfant né d’une fille mère n’est plus traité de bâtard.
Les enfants élevés par ces couples vont très bien selon les études menées (pas plus mal que dans les couples hétéros qui se déchirent ou dans les couples dans lesquels règne la violence).
Ma seule revendication reste celle du droit à connaitre ses origines. Cela vaut pour les familles homos, hétéros ET monoparentales.
PS : j’ai 52 ans et suis aussi grand-mère

[J.M. Moranne]

Re-bonsoir,
Nous avons du mal à nous comprendre, mais je crois que fondamentalement, nous avons beaucoup de convergences.

Pour répondre à votre question, j'ai 68 ans, et je suis grand-père, mais je ne me considère pas encore comme un vieux c.. (je reste très curieux et sceptique)

On confond 3 types d'évolutions :
1/ l'évolution des mentalités, généralement positive (en particulier dans votre cas ou dans celui des homosexuels), principalement du fait de l'ouverture de l'information
2/ l'évolution de la société (par exemple l'accroissement du nombre de divorces et de familles monoparentales) : cette évolution n'est pas nécessairement positive, mais elle est factuelle : on peut
difficilement aller contre ;
3/ l'évolution de la législation : c'est un domaine que nous contrôlons totalement (au travers de nos élus) : mais une loi ne peut pas être considérée comme bonne sous prétexte qu'elle va dans le
sens d'une évolution de la société, et en particulier si elle favorise une évolution négative ; il existe des lois mauvaises, perverses, inapplicables, ... souvent par incompétence ou par
dogmatisme de nos législateurs

Je considère personnellement que le projet actuel du "Mariage pour Tous" en fait partie : il met en perspective dans le Code Civil la théorie du Gender, destructrice et destructurante, en
particulier pour l'enfant et la filiation

[Nezinam]

Mes meilleurs vœux en retour
Nous sommes face à une évolution de la société.
Il y a trente ans, en campagne, j’ai été mise à la porte de chez moi parce que j’étais une fille mère (un remake de Tess en quelque sorte). Aujourd’hui cela est devenu plus rare dieu merci.
Est-ce un cadre acceptable pour une enfant de lire « né de père inconnu ? » Non et vous l’écrivez en fait vous-même. C’est là que je vous suis mal. Dans ce cas, personne ne trouve cependant rien à
redire.
Le changement de termes se fera et la société s’habituera sans stigmatiser les enfants dans les cours d’écoles. Je ne sais votre âge mais je me souviens du trauma des écoliers montrés du doigt
lorsque les parents étaient divorcées : ce n’est heureusement plus le cas.

[J.M. Moranne]

Bonjour,
Tout d'abord, je vous adresse mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année
Je ne vais pas reprendre tous vos points, mais simplement raisonner sur un exemple :

Prenez votre Livret de Famille :
- aux premières pages, il déclare un Epoux et une Epouse
- viennent ensuite les enfants
Ainsi, les enfants sont réputés avoir un père (l'Epoux), et une mère (l'Epouse)
Ainsi le cadre "légal" (ou "sociétal") reproduit le cadre biologique (un père et une mère de sexe opposé), et l'enfant, même adopté, peut se construire par rapport à ce cadre (et Dieu sait que les
enfants adoptés ont besoin d'un cadre clair pour se reconstruire après le traumatisme de l'abandon et/ou de la grossesse non désirée).

Que devient votre Livret de Famille dans le cadre du "Mariage pour Tous" :
- il a toutes les chances de voir disparaître cette différenciation Epoux/Epouse (sauf à penser que les homos accepteront de se couler chacun dans un de ces rôles, ou accepteront un mariage
"différent" (alors pourquoi pas un PACS amélioré ?)) : au vocabulaire près, on aura donc un "Epoux 1" et un "Epoux 2".
- et les enfants derrière (il s'agira essentiellement d'enfants adoptés ou issus d'une PMA ou d'une GPA, sinon, ils seraient déjà déclarés dans un autre Livret de Famille) auront un "parent 1" et
un "parent 2".
… et ce sera le cadre légal "pour tous", pas uniquement pour les enfants de couples homos

… et ce changement ne touchera pas seulement le Livret de Famille, mais tout le Code Civil (on parle de 150 articles) : la filiation biologique en sera totalement gommée. (Soit dit en passant, la
filiation est un des domaines les plus complexes du Droit français. … Pfuitt… ! Effacé !
Quant à l'argument qu'il existe bien actuellement toutes les formes de familles : ce qui est parfois factuel n'est pas forcément souhaitable pour l'ensemble de la Société. Cela dit, je suis
d'accord pour qu'on traite ces cas factuels, mais pas qu'on modifie des fondements importants de la Société pour faire comme si il n'existait pas malgré tout un schéma préférentiel et logique : le
schéma biologique.

… Je vous souhaite bien du plaisir dans votre combat

PS : cette petite videéo raffraîchissante :
http://www.dailymotion.com/video/xvwgzd_anatole-se-demande-comment-on-fait-les-bebes_news#.UOLEgndXeSE

[Nezinam]

Je ne fais là aucun procès (je ne me permettrais pas) . Je parle des « incertaines » idolâtries au sens où l’on ne peut prouver l’existence de Dieu. Je constate par cette phrase que nous ne nous
embarrassons pas à mettre une étiquette de religion sur les enfants en bas âges mais que celle des parents semblent pour certains être occultés alors que scientifiquement existant.
Nous sommes donc d’accord sur ce point.

Concernant les homos, là est une différence. Mariés ou pas, grand nombre élève des enfants et les choses se passent très bien du moins pas plus mal que chez les couples hétéros ou dans famille
monoparentale. Ainsi établir une égalité de droits me semble être une priorité. On ne peut discuter que sur le droit lui-même tel qu’il est. Ces adoptions, qu’elles soient de couples hétéros ou
homos ou encore de famille monoparentale, telles qu’elles sont organisées me dérangent car non restitution des origines dans la loi telle qu’elle est.
Le « mariage pour tous » ne détruira rien, il ne fera que donner un même statut social à tous et créera un lien de filiation pour les deux parents adoptifs donc transmission, héritage etc. Et
permettra, en cas d’accident de l’un des parents, à l’autre de continuer à pouvoir l’élever (ce qui est difficilement le cas aujourd’hui)
Aucune voix ne s’élève contre ce qu’on nomme les familles monoparentales. Pourquoi ?
Le problème se pose sur les origines de l’enfant et je ne vois pas le rapport avec le fait qu’il s’agisse d’homos : la question reste entière.
Le lien génétique – j’aime aussi parler d’origines - a été occulté par notre société depuis fort longtemps : nous n’avons pas attendu les homos et le mariage pour tous - il me semble.
Nous avons oublié (notre société a oublié ou a préféré occulté par commodité) que les enfants avaient des origines. Ils doivent faire sans et vivre pour certains avec ce manque simplement parce que
les adultes ont désir d’enfant et de propriété.

PS : extrait tiré de mon livre « Antoine et les affranchies »